Salon du Bourget 4 start-up franciliennes qui révolutionnent la nouvelle économie spatiale seront accompagnées par la Région Île-de-France au Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget. Parmi elles figure AndroMach, une entreprise qui ouvre la voie aux vols suborbitaux et spatiaux. L’objectif de cette start-up : fournir des plateformes spatiales et soutenir la recherche et l’industrie pour améliorer la vie terrestre. Hugo Verjus, un des cofondateurs et directeur général, revient sur la genèse d’AndroMach et sur ses enjeux futurs.
Du 16 au 22 juin, la Région Île-de-France sera présente au Salon de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget aux côtés d’une centaine d’entreprises franciliennes et notamment de 4 start-up innovantes qu'elle soutient dans leur processus d'innovation en matière d'économie spatiale.
Parmi elles, AndroMach développe un avion suborbital appelé ENVOL. Cofondateur d'AndroMach, Hugo Verjus nous en dit plus sur ce projet fascinant et les perspectives qu'il ouvre pour le futur.
Rencontre avec le co-fondateur d'AndroMach
Comment est né AndroMach ?
Hugo Verjus : C’est avec 6 amis passionnés d’aérospatial que nous avons fondé AndroMach. Pendant plusieurs années, nous avons travaillé ensemble sur des concepts d’avions spatiaux, jusqu’à participer à un concours organisé par le CNES, l’agence spatiale française. Cette expérience a été un véritable déclencheur : nous en sommes sortis convaincus de franchir le cap et de créer la société. 2 ans plus tard, nous avons signé un contrat avec cette même agence pour le développement du prototype moteur, le Banger v1, de notre 1er avion.
En réalisant des études de faisabilité, nous avons compris que ce type de véhicule ouvrait la voie à de nombreuses applications, notamment scientifiques. Sur Terre, la gravité masque ou perturbe certains phénomènes. À l’inverse, dans l’espace, la pureté de l’environnement et la micropesanteur permettent d’observer des processus physiques et biologiques de manière différente. C’est sur cette base que nous avons défini l’orientation d’AndroMach. Notre objectif est de mettre en service, au début de la prochaine décennie, une navette capable de transporter jusqu’à 100 kg de charge utile en orbite, puis de la ramener sur Terre.
Quel est l’intérêt de la micropesanteur ?
H. V. : En orbite, on s’affranchit de la gravité terrestre. Cela change complètement la manière dont certains phénomènes se produisent, comme la cristallisation, un processus clé qui affecte de nombreux produits de notre quotidien, aliments ou médicaments. Sur Terre, la gravité provoque des turbulences et des sédimentations qui perturbent la formation des cristaux. En micropesanteur, ces effets disparaissent, laissant place à une croissance plus régulière, contrôlée et pure des cristaux. Dans le secteur pharmaceutique, cela se traduit par une meilleure compréhension de la structure des protéines, qui sont elles-mêmes des cristaux. En les cultivant en orbite, on peut améliorer la formulation de certains médicaments, voire découvrir de nouvelles voies thérapeutiques. De plus, la micropesanteur agit comme un accélérateur biologique, ce qui offre aux chercheurs un terrain unique pour observer la croissance cellulaire.
Emmener des matières dans l’espace, leur faire prendre de la valeur, puis les ramener sur Terre pour bénéficier à l’économie terrestre, est tout l’objet d’AndroMach.
Comment avez-vous développé votre technologie ?
H. V. : Pour commencer, nous avons décidé de développer un avion suborbital appelé ENVOL. La frontière de l’espace se situant à environ 80 km, notre appareil, conçu comme un drone, pourra monter à 200 km d’altitude environ. En revanche, il ne disposera pas de la vitesse et ni de l’énergie nécessaires pour rester en orbite. L’engin, réutilisable monte jusqu’à arriver à son point le plus haut, puis redescend en chute libre, en planant pour atterrir d’où il est parti. Chaque vol durera environ 15 minutes, dont 5 minutes en micropesanteur. Ces précieuses minutes permettront de mener des recherches scientifiques, mais aussi de tester et de faire mûrir des technologies spatiales. L’appareil constituera également un excellent outil pour expérimenter des technologies liées à la rentrée atmosphérique et au vol en environnement hypersonique grâce à des vitesses dépassant Mach 5 (5 fois la vitesse du son).
Cela fait 2 ans que nous travaillons sur cet avion pour un 1er décollage prévu en 2027. Initialement, notre cœur de métier est la propulsion. On a donc développé la partie moteur en priorité. Le développement de cette technologie nécessite également des études de système, d’aérodynamisme et des paramètres de la mission pour vérifier qu’elle correspond aux exigences qu’on vend aux clients.
Notre 2e produit est la navette spatiale, ÉTOILE, qui devrait voir le jour au début des années 2030. Elle complètera nos services par une mise en orbite prolongée de quelques minutes à plusieurs mois.
Quel est l’enjeu autour de votre projet ?
H. V. : L’un des grands enjeux aujourd’hui, c’est de sensibiliser nos futurs clients, en particulier les laboratoires pharmaceutiques, aux opportunités offertes par la microgravité dans leurs domaines de recherche. L’autre défi est de passer de la recherche à l’industrialisation. Actuellement, la seule option pour effectuer ce type de recherches en orbite reste la station spatiale internationale, mais ses capacités sont limitées pour soutenir une montée en échelle industrielle. C’est pourquoi nous voulons créer de nouvelles plateformes en orbite. Le marché est en train d’émerger et nous voulons être prêts.
Quelle aide vous apporte la Région Île-de-France ?
H. V. : Nous sommes actuellement hébergés sur Paris au sein de l’incubateur Agoranov, soutenu par la Région Île-de-France. La Région est très engagée sur les enjeux liés à l’aérospatial, elle soutient de nombreuses structures du secteur. C’est un appui financier important pour AndroMach. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle réunit autant d’entreprises sur son stand au Salon du Bourget.
Qu’attendez-vous de ce Salon du Bourget ?
H. V. : Le Salon est une opportunité pour nous faire connaître et pour rencontrer des clients et des partenaires industriels. Notre structure est encore petite face à l’envergure du projet, c’est pourquoi nous devons nous appuyer sur des partenaires industriels pour progresser. Au Bourget, c’est l’endroit idéal pour trouver les personnes qui pourront nous accompagner. C’est aussi l’occasion de découvrir des technologies complémentaires à la nôtre, d’identifier des compétences à sous-traiter, et de monter des consortiums pour répondre à des appels à projets, que ce soit au niveau national ou européen. Enfin, nous espérons également y rencontrer des partenaires financiers pour accompagner notre développement.
La Région Île-de-France au Salon du Bourget
Accueillant à la fois des fleurons historiques du secteur et de nombreux nouveaux acteurs innovants, l’Île-de-France est une figure de proue de la filière aérospatiale française et européenne. Du 16 au 22 juin 2025, la Région sera présente au 55e Salon international de l’aéronautique et de l’espace Paris-Le Bourget.
Partager la page